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Familles d’Alleyras : Bernard Michel, chercheur au CNRS

D 30 janvier 2015     H 08:04     A mko     C 0 messages


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Bernard Michel a pris la plume pour réagir notamment sur la passerelle de Vabres. Nous avons trouvé son témoignage intéressant et attachant. Voici sa lettre.

" Mon père était Eugène Michel du Moulard et ma mère Rosa Gazanion d’Anglard (sans doute une lointaine cousine du curé Gazanion d’après ce dernier). Mon père étant le cadet a dû s’expatrier et, comme beaucoup de jeunes gens de l’époque, a été recruté aux chemins de fer (PLM). Sa carrière s’est déroulée à Arvant, Gannat et Riom (63) où je suis né en 1946. Mes parents ont consenti un certain nombre de sacrifices afin que je puisse poursuive des études supérieures à l’université jusqu’à ma thèse en physique. Je leur en suis infiniment reconnaissant, eux qui ont appris le français à l’école.

J’ai effectué toute ma carrière de chercheur au CEA puis au CNRS. Je suis retraité depuis trois ans, et je suis revenu à Riom il y a quelques années. Je suis resté profondément auvergnat et je dois dire que je me sens presque plus à l’aise avec les habitants du Velay qu’avec ceux de la Limagne !

J’ai beaucoup apprécié le reportage sur la passerelle entre Vabres et Alleyras, et plus généralement sur la vie dans ces deux communes au cours du 20ème siècle. Bien que je n’aie jamais résidé à Alleyras, le document m’a rappelé de nombreux souvenirs. En effet toute ma famille est originaire de la commune : Mon père, né à Croisances en 1902, s’est installé trois ans plus tard, avec toute sa famille, au village du Moulard. Ma mère est née à Anglard en 1908. Autant dire qu’ils faisaient partie des « gens d’en haut », ainsi dénommés par opposition aux « gens d’en bas », c’est-à-dire du Pont d’Alleyras. Ces derniers étaient très souvent des descendants des bâtisseurs de la ligne de chemin de fer, ou plus récemment des ouvriers du barrage de « Potès » ou « Pautès » (Je n’ai jamais entendu « Poutès »). Ils étaient parfois qualifiés de « rouges » car peu d’entre eux fréquentaient l’église le dimanche ! L’ambiance s’est fort heureusement détendue par la suite.

Mes parents évoquaient fréquemment leur enfance et leur jeunesse, avec des détails dont j’étais friand. De plus j’ai passé de nombreux jours de vacances dans ma famille à Anglard, au cours des années 50 et 60. Actuellement je reviens au moins une fois par an à Alleyras, ne serait-ce que pour la Toussaint, sur la tombe de mes parents. C’est pourquoi je me permets quelques commentaires et précisions sur certains points du document en question.

Une barque* préexistait à la passerelle dans les années 1920. Le passeur de l’époque était en fait....une vieille dame qui maîtrisait (?) la barque à l’aide d’un câble. Autant dire que les conditions de sécurité maximales n’étaient pas toujours réunies ! Comme décrit dans le reportage, la barque, puis la passerelle, furent utilisées pour se rendre aux marchés et foires de Chambon le Château. Il me semble que la crue, responsable de la destruction de la passerelle en 1973, est différente de celle qui a causé la tragédie de Brives-Charensac et Coubon (8 morts en septembre 1980).

Je confirme que le dernier café du bourg d’Alleyras fut « Chez la Victoire ». Par contre plusieurs cafés du Pont lui ont survécu : Cacaud, Archer, etc... Je confirme également, pour y avoir participé, que c’était le lieu de rencontre le dimanche matin après la messe. Les femmes buvaient rapidement un café avant d’aller préparer le repas de midi, alors que les hommes s’attardaient autour de quelques tournées de vin rouge…souvent en présence du curé et du maire.

A propos des religieuses, ma mère me parlait souvent de la sœur Torrent et de la sœur Marie. Elle fut accueillie au « Couvent » comme pensionnaire, et fut reçue brillamment au certificat d’études primaires, en dépit de ce que le document suggère perfidement ! En fait elle figurait parmi les premières, sinon la première du canton. Malheureusement, étant orpheline, elle ne put continuer ses études au collège.

Il est vrai que la commune d’Alleyras proprement dite n’a pas accueilli de communautés « hippies » dans les années 1970, mais certaines s’étaient installées à Genestouse ou au Cros. Elles ont eu une durée de vie très limitée car elles ne survivaient que grâce à la générosité des habitants des villages voisins, qui s’étaient pris de pitié en particulier pour leurs enfants.

Ces quelques remarques, faites dans le désordre, sont révélatrices de l’attachement que j’éprouve pour Alleyras, ainsi que pour la région du Devès (Séjallières, Seneujols, Cayres, Le Bouchet,….). C’est pourquoi j’ai trouvé incompréhensible, mais je suis sans doute partial, qu’Alleyras ne soit pas choisi comme « village remarquable ». J’espère que l’injustice sera réparée, si ce n’est déjà fait. De même, pour l’avoir empruntée régulièrement dans ma jeunesse, je suis un ardent défenseur du maintien de la ligne de chemin de fer des Cévennes."


* En fait de barque il était plutôt question d’une sorte de radeau ou de barge…